PARCOURS D'AQUARELLISTE
Observer la nature et la croquer dans ses détails m'a toujours passionnée.
Dans mes premiers blocs de dessin, je retrouve les pensées de notre modeste jardin liégeois et même les limaces du chemin. Ensuite, mon intérêt se porta sur le mouvement et les silhouettes qui m’aideront à illustrer nos voyages.
Maman, qui avait des mains d'artiste, accompagna mes premiers dessins d'enfant.
Elle travaillait le paysage à l'huile et j'ai conservé sa palette.
En grandissant, avec mes cousins, nous nous amusions à dessiner des timbres-poste de notre invention.
Plus tard, avec papa et mes frères et soeurs, nous avons découvert les joies du voyage :
Suisse, Italie, France - d'où nous revenions toujours par le Mont-Saint-Michel !-, Tyrol, Corse, Venise, Yougoslavie, Sicile, Espagne...
A 17 ans, je peuplais mes carnets de récits, de photos et de croquis. Ce furent mes premières expériences de l'aquarelle.
C'est chez le peintre Paul Daxhelet que j'ai trouvé la formation idéale pour un parcours d’aquarelliste. A "l’atelier 39", rue Renoz, on passait par les mains de Suzanne Daxhelet-Bouillenne pour les natures mortes et par les cours du maître pour le nu et les croquis d’atelier.
En groupe de jeunes, nous l'accompagnions à Méry, où ses deux petites maisons au bord de l'Ourthe nous accueillaient.
Ma première aquarelle fut le village de Méry. Le pinceau se gonflait d'eau et de couleur : il devint aussitôt mon ami pour exprimer le monde environnant.
Daxhelet, voyant mon plaisir, me conseilla : "Hanquet, faites les quais de la Meuse!"
Ce que je fis par tous les temps et à toutes les saisons.
J'adore croquer à tout moment : en avion, en bateau, en hors-bord - il faut y mettre toute son énergie pour tenir bon! - , sur un rocher, dans le maquis corse, en bus, à la fenêtre de Sienne pour le Pallio, dans la gondole à Venise, sur le fleuve Chiapa au Mexique.
Dans mon parcours du monde en quête de beauté, parmi les plus grands moments de contemplation, il y a les pêcheurs Wagenia au bord du fleuve Congo et les marchés africains. Car mon travail me conduisit durant 15 ans au Katanga, où la couleur et le mouvement sont rois.
En vacances, je découvris les rives du Nil, les marchés mexicains, la pureté des îles grecques, les chemins de Galilée, le lac de Tibériade, Jérusalem, Carcassonne, les rochers de Petra, où s'ouvraient pour nous les tentes des Arabes. Le défilé du Sicq fut franchi à cheval et les dessins réservés au retour pédestre.
Plusieurs stages d'aquarelle ont aussi rythmé mon parcours : avec Paul Leberger en France à Port-Vendres, à Saint-Idesbald et en Ardennes avec Lode Keustermans, à Limelette avec Cao Bei An, aquarelliste chinois. C'était aussi la joie de peindre ensemble dans la nature.
Mais l'aquarelliste liégeoise était toujours heureuse de retrouver son sol natal, ses rives de Meuse, les chalands et les terrils boisés aujourd'hui.
Puis, l'époque des grands safaris étant passée, je peins à nouveau les merveilles du Jardin Botanique si proche, par un printemps éclatant.
Je découvre aussi une peinture plus intimiste : les quartiers Avroy et Louvrex, mon balcon, mon perchoir. Là aussi, j'entends sonner les cloches de la cathédrale et de Saint-Jacques.
Expérience nouvelle enfin, pour le Concours Reine Elisabeth, avant de dessiner les musiciens, que je vois à la télévision, j'écoute d'abord le concours de piano à la radio. Je jette sur le papier ce qui me vient au bout du pinceau: couleurs, impressions, coups de coeur, figuratifs ou non. Un pas en avant dans la recherche visuelle. Le parcours continue.
Sur ce site, vous trouverez des échos de voyages lointains, même très lointains...
Pourquoi ? A partir d'aquarelles légères ou de croquis rapides saisis sur le vif, je recrée aujourd'hui les coins préférés qui me restent au coeur.
Les enfants sont toujours attirés par le jeu des pinceaux. Ils peuvent l'observer longtemps. Ils rêvent de dessiner aussi et courent vite pour en faire autant. J'aime causer avec eux. Ils m'apportent parfois une fleur, un gland, un caillou, une plume.
Rue Louvrex, en avant, j'ai la vue sur le Jardin Botanique, lieu de rencontre convivial.
En arrière, pointe le clocher bulbeux du Saint-Sacrement, avec de belles aurores.
Ne suis-je pas comblée ?
On aurait bien envie de chanter sur tous les tons "Que tes oeuvres sont grandes !" (Psaume 91)
Marie-Jeanne Hanquet